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Terminus pour le violeur du métro parisien

By 7 octobre 2025Actualités
Photographie du suspect. Crédit photo: DR

Six victimes en trois jours. Nidhal O., Tunisien en situation irrégulière, a semé la terreur dans le métro parisien. La justice vient de mettre un terme à sa spirale criminelle. Pour combien de temps ?

Ce sont deux procès qui se tiennent côte à côte, à la cour d’appel de Paris, en cette fin septembre. Deux procès qui se ressemblent et qui, au fond, racontent la même histoire : celle d’hommes en situation irrégulière, profitant de leur présence sur le territoire pour commettre l’irréparable au cours de l’année 2023. Des viols et des agressions sexuelles de femmes croisées dans des lieux publics, victimes au hasard d’une dérive obscure. Le premier dossier concerne Jordy G., ressortissant centrafricain de 27 ans, multirécidiviste, visé par plusieurs obligations de quitter le territoire français (OQTF), accusé d’avoir commis deux viols le 11 novembre 2023. Parmi ses victimes, Claire Géronimi, 26 ans, qui a choisi de transformer son calvaire en combat politique aux côtés d’Éric Ciotti . Avec succès, au point d’éclipser le second procès, pourtant tout aussi terrifiant.

Le prévenu, Nidhal O., est un Tunisien de 25 ans, déjà expulsé d’Espagne puis de Belgique après de nombreux délits. En France, il est accusé d’avoir commis six agressions sexuelles et tentatives de viol en seulement trois jours, en décembre 2023. Si la procédure s’est tenue dans une relative discrétion, c’est aussi parce que l’une de ses victimes a demandé le huis clos, évitant ainsi l’attention des médias.

Ce passager qui détourne le regard

Valeurs actuelles a pu néanmoins reconstituer les faits, sur la base de l’enquête menée par la police, et obtenir plusieurs détails sur le déroulement du procès. Tout commence à l’approche de Noël, le 5 décembre 2023. Il est aux alentours de 23 h 10, lorsqu’Elsa, 18 ans, traverse la station Miromesnil pour changer de ligne de métro. Écouteurs dans les oreilles, elle téléphone à sa sœur. Soudain, dans le couloir désert, un homme l’attrape par le bras, la plaque contre le mur et agrippe sa poitrine.

Elsa n’est pas tout à fait seule sur ce quai. À moins d’une dizaine de mètres, il y a un homme, d’une soixantaine d’années. Sans doute rentre-t-il chez lui, fatigué, comme tout le monde en cette heure tardive. Elsa, paniquée, croise son regard et lui adresse une muette supplique. Mais l’homme lui tourne le dos, préfère s’intéresser au panneau de signalisation. Comme si tout cela ne le concernait pas… Elsa comprend qu’elle ne peut compter que sur elle-même. Elle ne peut pas bouger, son corps est comme lesté de plomb, mais elle hurle : « Lâchez-moi ! » À l’autre bout du fil, sa sœur entend les cris et cette voix masculine répétant : « Tais-toi ! » Finalement, l’homme prend peur et Elsa parvient à se libérer pour sauter dans la rame de métro.

Les enquêteurs savent seulement qu’au petit matin, le rôdeur repart en chasse

Moins d’une heure plus tard, une autre jeune femme, 31 ans, croise la route de Nidhal O. En quittant la station Temple, elle sent une présence derrière elle, puis deux mains qui se posent sur ses fesses par-dessus son manteau. Elle pousse un cri, court jusqu’à la sortie. L’agresseur s’éloigne d’un pas nonchalant, renverse des sacs-poubelle, disparaît dans les escaliers.

Ensuite, c’est l’inconnu. Les enquêteurs savent seulement qu’au petit matin, le rôdeur repart en chasse. Il est 6 h 20 lorsqu’il aperçoit une femme, 50 ans, qui se rend à son travail. Dans la rame de la ligne 3, elle remarque qu’un individu la fixe. Elle descend à la station Quatre-Septembre. Lui aussi. En montant les escaliers, elle le sent juste derrière elle. Brusquement, il la plaque contre un mur, glisse sa main sous son pantalon, tente de lui toucher le sexe. Elle crie, se débat, alerte un usager. L’homme prend la fuite. Pascale (le prénom a été changé) en état de choc, se réfugie au guichet de la station pour raconter son agression.

Quelques minutes plus tard, à la station Réaumur-Sébastopol, une autre femme, 51 ans, sort d’une rame de la ligne 3. Dans le couloir, quelqu’un se colle à elle, la saisit, la bâillonne de sa main, essaie de lui retirer son pantalon. Elle lutte, le griffe au visage, hurle. Un voyageur s’interpose. L’agresseur s’enfuit en courant, filmé par plusieurs caméras de surveillance.

« Le souhait d’aller au bout de la démarche et d’imposer un acte de pénétration sexuelle avec violence »

À titre d’exemple, voici ce qu’écriront les magistrats instructeurs, à propos de cette agression, qualifiée de tentative de viol : « Il ressort de ces éléments, et en particulier du fait que l’auteur a volontairement suivi, puis fait chuter la victime avant de la bâillonner aux fi ns d’empêcher ses cris. Il s’est par la suite maintenu au-dessous en position de force, ce qui est décrit de manière corroborée par la victime et le témoin. Il ressort enfin qu’il a tenté avec son autre main d’enlever le pantalon de la victime. La nature de ce geste est très loin d’être anodine dans un métropolitain presque désert et face à une personne contrainte. Elle traduit aussi le souhait d’aller au bout de la démarche et d’imposer un acte de pénétration sexuelle avec violence. […] L’intervention du témoin et la résistance de la victime ont empêché Nidhal O. d’aller au bout de son action. » C’est-à-dire, d’aller au bout de son viol. Cette exaction-là sera finalement requalifiée par le tribunal en agression sexuelle, et non tentative de viol.

Le lendemain, le 7 décembre, la même scène se reproduit. Un témoin raconte avoir assisté à une agression à la station Palais-Royal, vers 20 h 30. Un homme suit de près une adolescente de 17 ans, cherche à passer sa main sous sa jupe, puis la poursuit jusqu’aux escaliers. La victime hurle et réussit à s’échapper.

Mais le périple du “ serial agresseur” continue. Avec une nette différence. A-t-il compris qu’il n’arriverait pas à ses fins en sévissant dans le métro ? Que même en opérant aux heures creuses, il se confronterait toujours aux cris de la victime et à l’intervention possible de témoins ? Il change en tout cas de procédé et adopte un stratagème bien plus redoutable.

Mis en cause à 43 reprises entre 2020 et 2023 en Belgique

Il est 2 heures du matin, ce 8 décembre, lorsqu’une fiscaliste de 27 ans regagne son immeuble du Xe arrondissement après une soirée entre collègues. Légèrement alcoolisée, elle monte les escaliers, les clés à la main. Dans son dos, elle entend des pas. Elle pense à un voisin mais, peu rassurée, accélère, ouvre la porte de sa chambre de bonne, au dernier étage. C’est alors que l’homme surgit, la pousse à l’intérieur, referme la porte. Il la jette au sol, tente de la déshabiller, couvre sa bouche de la main pour étouffer ses cris. Cécile (le prénom a été changé) résiste, appelle au secours. Ses voisins accourent, maîtrisent l’individu et le retiennent dans le hall pour le livrer à la police.

C’est le début d’une longue enquête lors de laquelle les policiers vont scrupuleusement examiner les images de vidéosurveillance du métro parisien et découvrir qu’il s’agit chaque fois du même homme, dont le profil est le suivant. Nidhal O., 26 ans, est arrivé en France à la faveur du désordre migratoire. Originaire de Tunisie, il serait entré clandestinement en Espagne en 2019, avant de recevoir un ordre d’expulsion quatre ans plus tard. Il fait en effet l’objet d’un signalement pour des violences et est incriminé dans plusieurs procédures : violations de la loi sur les étrangers, homicide, vol avec effraction, atteinte au patrimoine, outrage et rébellion, ainsi qu’une agression contre des agents dépositaires de l’autorité publique.

​On sait qu’ensuite il se rend en Belgique, puisqu’il est mis en cause à 43 reprises entre 2020 et 2023, pour des faits d’infraction à la législation sur les étrangers, sur les stupéfiants, état d’ivresse, atteinte à l’ordre public, vol, rébellion, incendie volontaire, violences et dégradations. Difficile de savoir précisément quand il arrive en France puisque, là encore, il ne demande pas l’autorisation, comme des milliers d’autres chaque mois.

« Ce type est une bombe, s’il ressort, il est probable qu’il recommence »

Face aux enquêteurs, ses propos sont embrouillés. Il met ses agressions sur le compte de l’alcool, du cannabis, voire de la simple maladresse. En détention provisoire, où il est placé, les incidents se multiplient. Il refuse de se rendre à certaines convocations. Il est impliqué dans des bagarres, dégradations, insultes, tapages en cellule et menaces envers les surveillants, et fait l’objet d’une attention particulière, notamment en raison de son comportement envers le personnel féminin. C’est aussi son profil psychologique instable qui inquiète et lui vaut plusieurs séjours en soins. En juillet dernier, il tente même de se suicider dans sa cellule. En dehors, il ne fait rien. Aucune des activités habituelles ne lui est accessible à cause de son comportement instable. Il peut néanmoins bénéficier de l’aide pécuniaire mensuelle versée par l’État pour pouvoir cantiner, comme se payer la télévision.

« Ce type est une bombe, s’il ressort, il est probable qu’il recommence », alerte Louis Caillez, l’avocat d’Elsa, qui ajoute qu’au cours de l’audience, l’accusé s’est justifié de manière confuse, affirmant avoir lui-même été agressé sexuellement par des policiers en Espagne. Il aurait par ailleurs fait part de son intention de tuer un policier, invoquant sa religion : « Un verset coranique dit que Dieu a dit : “Agressez-les comme ils vous ont agressés.” »

Et l’avocat de conclure : « Mes clients ont été sidérés par la dangerosité manifestée par l’accusé tout au long du procès : incapable de la moindre empathie, indécent avec les victimes pourtant admirables à la barre, traitant la présidente de raciste, se référant au Coran pour expliquer que son nouveau projet est de tuer un policier… Sans expulsion au terme de sa peine, il commettra à nouveau l’irréparable. »

Contactée par nos soins, Elsa, la première victime, a depuis changé radicalement ses habitudes dans les transports en commun. Fini les écouteurs, les écrans. « Je me promène avec une bombe lacrymogène, un manteau ample, fermé, et je fixe le sol, bras croisés, pour être invisible et me verrouiller, tout en observant l’environnement. » Qu’attend-elle du procès ? Elle ne sait pas vraiment, elle manque de notions juridiques, mais la « peine la plus lourde possible ».

Lors de sa plaidoirie, jeudi dernier, Me Louis Cailliez a déclaré : « Il fallait voir le choc d’Elsa quand elle a lu dans la presse, il y a quelques mois, qu’un clandestin marocain déjà condamné pour un viol commis en 2019 à la peine de sept ans de prison, a été libéré en 2024, soit au bout de cinq ans, et que quelques semaines après sa libération il a été mis en examen pour avoir violé et assassiné Philippine dans le bois de Boulogne, ce qui a bouleversé la France entière. Comment empêcher Elsa de se dire que ce dossier peut suivre le même scénario atroce ? Qui oserait parier le contraire ici ? »

Ce vendredi 26 septembre, le parquet de Paris a condamné Jordy G. à dix-huit ans de réclusion criminelle et à une interdiction définitive du territoire. À l’encontre de Nidhal O., le tribunal a finalement prononcé une peine de onze ans de réclusion criminelle, assortie d’une interdiction définitive du territoire français.

Source : Valeurs – Le Club VA